A Messieurs et Mesdames Honorable Assemblée
C’est un vrai honneur pour moi de prendre la parole aujourd’hui devant cette auguste assemblée et de vous exprimer en mon nom et en celui de RADIO BOUKAO toute notre reconnaissance pour cette invitation à cette prestigieuse cérémonie. Permettez-moi de vous rappeler, que mon pays, la République de Djibouti, officiellement indépendante depuis 1977, ploie sous le poids d’une dictature féroce et qui a transformé mon pays en prison à ciel ouvert.
La partie nord de mon pays est déclarée zone militaire soumise à embargo et aucune ONG même internationale, n'est autorisée à mener la moindre mission d'assistance humanitaire. Les habitants de ces régions subissent une discrimination systémique de la part du régime qui bloque délibérément tout développement. Ratissages militaires, viols, destructions des troupeaux et des points d'eau sont le lot quotidien de ces pauvres habitants."
Face à l’ignominie caractérisée de ce régime, qui n’a pas hésité à deux reprises, de commettre en plein jour de massacres sur ses propres ressortissants et en pleine capitale, (une fois à Arhiba en 1991 et l’autre plus récent à Bouldhouqo en 2015) entraînant dans les deux cas des centaines de morts et disparus, face au déni des libertés fondamentales et à l’oppression, notre organisation non gouvernementale mène depuis maintenant trois années, une lutte existentielle et périlleuse pour défendre les droits inaliénables du peuple de Djibouti et cela sans aucune distinction d’ethnie, de langue ou de religion.
RADIO -BOUKAO, créée en 2019, aux risques et périls de ses membres est aujourd’hui unanimement considérée comme la radio des sans–voix et fait un travail quotidien de dénonciation des méfaits de cette affreuse dictature qui sont innombrables et cela nous a valu de devenir l’ennemi numéro 1 à abattre.
En effet, dans un contexte d’étouffement généralisé de la démocratie, de clonage des partis politiques existants et l'embastillement généralisé des défenseurs des droits de l’homme à Djibouti, les hommes et femmes de RADIO BOUKAO sont aujourd’hui plus que jamais déterminés à combattre pacifiquement pour faire triompher la cause des droits de l’homme à Djibouti mais aussi dans la sous région, là où la dignité humaine et la liberté sont bafoués.
Malgré le manque de moyens criants, nous avons mis en place une radio libre et un site web pour promouvoir les libertés fondamentales et conscientiser les citoyens Djiboutiens sur les graves abus et les multiples bavures que commettent au quotidien ce régime sanguinaire et impitoyable.
Ce travail d’éducation populaire ne constitue cependant pas l’essentiel de la fondation Radio Boukao car nous avons mis en place un accompagnement juridique et psychologique au profit des victimes, ainsi qu’un vaste travail de recensements de tous les crimes qui sont jusqu’à aujourd’hui restés impunis en collectant tous les témoignages et preuves aux risques et périls de nos militants sur le terrain.
Notre travail consiste également à soutenir les quelques organisations non gouvernementales qui œuvrent sur le terrain en faveur des droits de l’homme en développant des actions de solidarités et d’appui notamment en relayant leur travail auprès des grandes organisations internationales de défense des droits de l’homme.
Bien souvent les équipes de Radio Boukao prennent des risques extrêmes pour aller enquêter à la source lorsque nous sommes saisis à temps dans le cadre de détentions illégales, de disparitions forcées.
Tout ceci fait que Radio Boukao est aujourd’hui perçue par la population mais aussi par bon nombre d’observateurs comme une véritable radio de la résistance à l’oppression dans cette partie du monde faisant de nous un acteur majeur de la redynamisation de la société civile afin d’arriver à ancrer la démocratie et le respect inhérent à la dignité humaine non seulement dans notre propre pays mais également dans la Corne de l’Afrique en contribuant à la médiatisation du sort tragique réservé aux peuples quels qu’ils soient.
Voilà en quelques mots résumé la quintessence de notre combat et même si celui-ci s’apparente à celui de David contre Goliath, nous persisteront encore et encore, quelques soient les risques pour nous même et nos membres, à lutter sans relâche pour défendre les droits sacrés et inaliénables de la personne humaine et qui lui sont donnés par notre Seigneur à tous sans exclusion.
Je vous remercie de votre attention.